Cet article analyse dans un premier temps les raisons de la domination d’un type particulier d’agriculture en Chine, puis en détaille les limites — sociales et environnementales notamment —, avant d'établir une cartographie des porteurs des débats alternatifs de l’agriculture chinoise, explorant le cas particulier des AMAP de Pékin.

  • LES IMPACTS DU MODÈLE AGRICOLE PRODUCTIVISTE CHINOIS

Les impératifs de la modernisation agricole chinoise ont été à l’origine depuis deux décennies de l'affirmation d’un paradigme dominant : celui d’une agriculture de grande échelle fortement consommatrice d’intrants. Ce modèle, qui permet théoriquement d’apporter des réponses rapides aux problèmes urgents de sécurité alimentaire et de développement rural, est fortement favorisé par l’État chinois. La domination d’un tel paradigme pose cependant plusieurs questions. Sur le plan environnemental, le modèle productiviste exerce une pression non viable sur les écosystèmes qui affecte la santé des populations rurales et urbaines. Au niveau social, les interrogations concernent les possibilités d’intégration dans d’autres secteurs économiques et dans les milieux urbains des actifs agricoles écartés de ce secteur par l'agrandissement des exploitations et l’intensification. Enfin, la surutilisation d’intrants provoque le mécontentement des consommateurs, de plus en plus informés des problèmes de sécurité sanitaire et communiquant sur les réseaux sociaux.

  • UNE VISION D’ÉTAT REMISE EN CAUSE

Qui porte la question de l’environnement dans le secteur agricole en Chine ? Face à des institutions d’État contraintes par des chevauchements de fonctions et des impératifs de croissance économique, des milieux de production du savoir et d’expertise déconnectés des campagnes et des ONG d’environnement délaissant le sujet au profit des problématiques industrielles, ce sont les entreprises agroalimentaires qui ont été poussées, par les consommateurs et par le gouvernement, à jouer un rôle de plus en plus actif, mais pas toujours optimal, dans le traitement des problématiques écologiques.

  • DES MODÈLES ALTERNATIFS BALBUTIANTS

Des alternatives pour une agriculture durable émergent néanmoins, notamment au travers de formes particulières d’AMAP. Mais leurs modes de fonctionnement diffèrent sensiblement des pratiques connues dans le reste du monde, en grande partie du fait du manque de conscientisation des consommateurs, focalisés sur les enjeux sanitaires sans faire le lien avec les questions environnementales et de développement rural.

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