Malgré une apparence relativement intuitive, l’ambition de neutralité carbone pose en fait de nombreux défis, tant sur le plan de la conceptualisation que de la mise en œuvre. Et ce, sur des paramètres fondamentaux comme le périmètre des émissions concernées ou les modalités de retrait du CO2 de l’atmosphère. Par ailleurs, il n’existe pas encore d’analyse systématique des différentes actions et annonces portant sur la neutralité carbone, et il est donc difficile de tirer des leçons de ces pratiques naissantes et d’en discuter les implications pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris.

Cette étude propose de contribuer au débat collectif sur ce sujet et de proposer des recommandations pour les stratégies nationales cadrées par l’objectif de neutralité carbone.

Messages clés

NEUTRALITÉ CARBONE ET ACCORD DE PARIS

L’article 4.1 de l’Accord de Paris marque la première inscription de l’objectif de neutralité en gaz à effet de serre (GES), ou neutralité carbone, dans un accord international. Un nombre réduit mais croissant de pays ont déjà intégré ce concept dans leurs stratégies de développement, avec des approches très différentes. Cette diversité reflète en partie les importants défis méthodologiques, technologiques et politiques associés à la définition de la neutralité carbone et à sa concrétisation, notamment en tant que guide pour l’élaboration ascendante des contributions déterminées au niveau national (CDN).

ACCROÎTRE EN PRIORITÉ LES EFFORTS DE RÉDUCTION D’ÉMISSIONS DE GES

Il est nécessaire d’agir de manière urgente pour atteindre les potentiels existants de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs, en combinant des solutions technologiques et comportementales compatibles avec les objectifs de développement des pays, et ce afin de minimiser en particulier les émissions résiduelles après 2050 dans les secteurs de l’énergie et de l’industrie.

PROTECTION DES PUITS DE CARBONE ET INVESTISSEMENTS TECHNOLOGIQUES POUR LES ÉMISSIONS RÉSIDUELLES

Les approches de protection des puits de carbone naturels doivent traiter les principaux facteurs sectoriels liés à la dégradation et la destruction des écosystèmes terrestres et marins et favoriser les changements de pratiques sectorielles. Il est en outre nécessaire d’investir dans la recherche et développement pour les technologies de capture et de stockage du carbone afin de traiter les émissions résiduelles, car les puits existants et les options d’innovation actuelles ne sont respectivement pas une solution permanente ou ne sont pas prêtes à être déployées.

UN RÉFÉRENTIEL COMMUN POUR UNE ACTION CLIMATIQUE AMBITIEUSE

La neutralité carbone peut constituer un langage et un horizon temporel communs, pour les différents acteurs engagés dans la lutte contre le changement climatique. Chaque acteur peut définir sa place dans un monde neutre en carbone, en fonction de ses contraintes, dotations, potentiels, et non seulement (ou nécessairement) viser la neutralité au niveau de ses propres activités ou territoire. La résultante de ces différentes positions peut permettre de renouveler les discussions sur les options de réductions d’émissions domestiques, celles liées au commerce international, sur la manière de mobiliser les puits de carbone et les technologies à émissions négatives.

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