De nombreuses études reconnaissent l’importance du déploiement massif des véhicules électriques à batterie (BEVs en anglais, pour Battery Electric Vehicles) et des véhicules hybrides rechargeables (PHEVs en anglais, pour Plug-in Hybrid Electric Vehicles) pour réduire les impacts environnementaux du transport routier individuel, en particulier les émissions de CO2. Les tendances encourageantes de baisse des coûts des batteries et les annonces ambitieuses quant à leur puissance faites par des constructeurs automobiles majeurs peuvent donner l’idée trompeuse que la pénétration massive des véhicules électriques dans le parc automobile est sur le point de se produire. Mais, à court et à moyen termes, leur pénétration du marché à grande échelle est loin d’être assurée, et des politiques doivent êtres menées pour lever un certain nombre d'obstacles. Cet article examine les défis en termes de financement qui doivent être relevés pour permettre la diffusion massive des véhicules électriques.

MESSAGES CLÉS

  • LE TAUX DE DÉPLOIEMENT ACTUEL N'EST PAS EN ADÉQUATION AVEC UNE DÉCARBONATION PROFONDE
    De nombreuses études reconnaissent l’importance d’un déploiement massif des véhicules totalement électriques (BEV) et des véhicules hybrides rechargeables (PHEV) afin de réduire les impacts environnementaux du transport routier individuel, en particulier les émissions de CO2. Les tendances encourageantes de baisse des coûts des batteries et les annonces ambitieuses quant à leur puissance faites par des constructeurs automobiles majeurs peuvent donner l’idée trompeuse que la pénétration massive des véhicules électriques dans le parc automobile est sur le point de se produire. Mais le taux actuel de déploiement des véhicules électriques est très loin de mettre le système de transport français sur la voie d’une décarbonation profonde à l’horizon 2050. À court et à moyen termes, leur pénétration du marché à grande échelle est loin d’être assurée, et des politiques doivent être menées pour lever un certain nombre d'obstacles.
     
  • UN DÉFI MAJEUR : LE FINANCEMENT
    À court terme, aux environs 2020-2025, les véhicules électriques (VE) demeureront plus coûteux, à l’achat comme à l’usage, que les véhicules à moteurs à combustion. À moyen terme, au-delà de 2020-2025, ils devraient devenir compétitifs à l’usage, sur la base du coût de la vie. Cependant, certains défis financiers perdureront, notamment un prix de vente supérieur à ceux des véhicules traditionnels. Ceci peut demeurer un obstacle important auprès de consommateurs qui ne tiendraient pas compte des économies futures réalisées en termes de carburant, ou dont les capacités de financement seraient réduites. À plus long terme, les VE poseront d’autres défis aux gouvernements, notamment celui de l’érosion des revenus issus des taxes sur les carburants. Les politiques de soutien aux VE devront donc être menée de manière dynamique, et sur au moins une décennie. Cet article envisage une stratégie de financement en trois phases, correspondant aux défis décrits ci-dessus.
     
  • L'IMPORTANCE DES QUESTIONS DE REDISTRIBUTION
    Une palette d’outil fiscaux devrait être nécessaire à l’établissement d’un cadre réglementaire réaliste permettant de soutenir le déploiement massif des VE. Cela soulève la question critique des impacts redistributifs sur la transition vers les VE. Le défi du financement du coût à l’achat pourrait être particulièrement pertinent pour les foyers à faibles revenus, alors même que la diffusion massive des VE nécessitera que les foyers à revenus moyens et faibles en fassent l’acquisition. Cela implique que les politiques conduites envisagent de garantir l’accès aux VE à ces consommateurs. La compensation progressive de la réduction des recettes fiscales liées aux carburants par l’augmentation de leur taux et par un malus appliqué aux moteurs à combustion pourrait également avoir des impacts redistributifs importants.
     
  • LE DÉFI DU FINANCEMENT DES VE EST RELEVABLE, SI LES BONNES MESURES ET LE BON CALENDRIER DE MISE EN ŒUVRE SONT TROUVÉS
    Le défi du financement des VE est aisément relevable, et on peut être optimiste quant à la capacité d’un mélange judicieux de mesures à favoriser leur déploiement massif. Néanmoins, l’effet de mode autour des VE est trompeur : leur adoption rapide n’aura pas lieu sans l’adoption de politiques ambitieuses, qui devront dans la mesure du possible être neutres au plan fiscal, disparaître dès lors que la technologie aura atteint sa maturité, et enfin prendre en compte les potentiels impacts redistributifs.
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