Présentation

Cette étude plaide en faveur de la nécessité d'intégrer la biodiversité dans une action climatique ambitieuse. Pour ce faire, il faut porter une attention particulière à la façon dont l'objectif de 1,5 °C est atteint, car si certaines trajectoires de réduction des émissions de 1,5 °C peuvent être compatibles avec la protection de la biodiversité, d'autres - à savoir celles reposant sur un large recours à l'élimination du dioxyde de carbone (EDC), grâce aux technologies bio-énergétiques de capture et séquestration du carbone (BECCS), et à l'afforestation - pourraient avoir des conséquences très négatives sur la biodiversité. Ce papier se concentre principalement sur le lien entre le climat et la biodiversité terrestre, mais ses principales conclusions pourraient également s'appliquer à l'océan.

Messages clés

  • L'objectif de neutralité carbone de l'Accord de Paris exige un plus grand recours aux puits de carbone, plaçant ainsi les écosystèmes au centre d'une action climatique ambitieuse. Pourtant, malgré le développement utile des solutions fondées sur la nature (SFN), la science, la gouvernance internationale et la société civile continuent de cloisonner les réponses au changement climatique et à la biodiversité. Il est donc nécessaire de renforcer la coordination entre l'action climatique et la conservation de la biodiversité.
     
  • En croisant les récents rapports du GIEC et de l'IPBES et la littérature scientifique, on constate des synergies et des compromis entre le changement climatique et les réponses à la perte de biodiversité. L'ambition climatique doit donc être redéfinie en limitant l'augmentation de la température à 1,5°C par des trajectoires de réduction des émissions compatibles avec la biodiversité et la sécurité alimentaire.
     
  • Maximiser les synergies en matière de climat et de biodiversité et minimiser les compromis nécessite : (1) une décarbonation rapide et profonde du système énergétique et une réduction des émissions dans le secteur de l’agriculture, la foresterie et autre utilisation des terres (AFOLU), (2) une réduction significative de la demande énergétique et une transformation du système alimentaire (par exemple, réduction des déchets alimentaires, changement de régime alimentaire), (3) une optimisation de la séquestration du carbone dans l'usage des sols, tout en conservant la biodiversité, et (4) s'abstenir de déployer largement des mesures d'atténuation du changement climatique liées aux terres ou des mesures de suppression du carbone par les BECCS, qui exigent des changements radicaux dans l'affectation des sols et ont des effets hautement néfastes sur la biodiversité.
     
  • Pour soutenir l'intégration d'actions ambitieuses en matière de changement climatique et de biodiversité dans les politiques nationales, une action coordonnée accrue est nécessaire au niveau international dans les domaines de la science (communautés scientifiques, GIEC et IPBES), de la gouvernance internationale (entre conventions des Nations unies sur le climat, la biodiversité et la désertification) et de la société civile.
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