Le « crowdfunding », nouvel outil de développement durable pour les collectivités

Paris, le 27 juin – L’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) publie aujourd’hui une étude consacrée à l’usage du financement participatif (ou « crowdfunding ») par les collectivités locales, menée en collaboration avec l’Ademe, la Mairie de Paris et la FING. Cette étude décrypte les modalités d’utilisation de cet outil par les collectivités et analyse dans quelle mesure il peut être utile aux politiques territoriales de développement durable. Certaines recommandations issues de ce travail de recherche ont été intégrées dans le document de synthèse de la concertation lancée par la Mairie de Paris sur son Plan climat-air-énergie.  

 

Deux types d’usage du crowdfunding pour une diversité de collectivités locales

Les collectivités locales utilisent le crowdfunding soit comme un outil d’animation territoriale pour soutenir des projets portés par d’autres acteurs (particuliers, associations, entreprises) et qu’elles ne peuvent pas financer elles-mêmes, soit pour financer leurs propres projets, et disposer ainsi plus rapidement d’un financement que par un prêt bancaire. Dans le premier cas il s’agit pour le moment principalement de dons, dans le second, parfois également de prêts ou d’investissements. Le crowdfunding n’est pas l’apanage des grandes métropoles, mais semble être accessible à tous les types de collectivités : les agglomérations de communes, communes rurales, métropoles et départements y ont recours.

 

Des bénéfices qui vont bien au-delà du financement

Pour les deux usages évoqués, le crowdfunding est beaucoup plus qu’un outil de financement :

C’est aussi un outil d’animation et de communication territoriale : le crowdfunding a un caractère novateur qui permet à la collectivité d’apparaître innovante et dynamique 

Laura Brimont, chercheure à L'iddri

 

Lorsqu’il est utilisé pour des projets portés par la collectivité, c’est aussi un outil de participation citoyenne. 

La campagne de collecte est un moment où la collectivité peut communiquer sur un projet auprès des administrés, faire de la pédagogie, et les impliquer dans la vie publique locale

Laura Brimont, chercheure à L'iddri

 

Concilier ces différents bénéfices n’est pas toujours évident. L’expérience montre que mobiliser les citoyens du territoire pour contribuer à des projets demande un investissement en terme d’animation, ce qui a tendance à alourdir le coût pour la collectivité.

Le crowdfunding ne peut être utilisé pour n’importe quel type de projet porté par une collectivité : 

On accepte facilement de faire un don à sa commune pour faire rénover un bâtiment historique par exemple, mais beaucoup moins pour financer la rénovation d’une école. La légitimité pour la collectivité à collecter des dons pour des projets publics est liée à une certaine conception de ce que doivent financer ou non les collectivités et le service public

Laura Brimont, chercheure à L'iddri

 

Cet enjeu de l’acceptabilité sociale est beaucoup moins fort pour le prêt, mais son usage doit être réservé à des projets porteurs de sens et innovants pour ne pas créer de lassitude.

 

Un outil pertinent pour les politiques de développement durable : exemple du Plan climat-air-énergie de Paris

Le crowdfunding peut donc servir d’outil à une politique territoriale de développement durable. Dans le cas du Plan climat-air-énergie de Paris il pourrait par exemple être utilisé pour soutenir et encourager les initiatives privées qui contribueraient à réduire les émissions carbone du territoire parisien et qui sont indispensables pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. La Mairie pourrait ainsi créer une plateforme ou s’associer avec une plateforme existante pour dédier une page aux projets qui contribuent au Plan climat. Elle pourrait éventuellement co-financer certains de ces projets, suivant ainsi le modèle de Londres ou de Milan.

 Le crowdfunding pourrait également aider à faire connaître les dispositifs de soutien à la transition, comme par exemple le programme Eco-rénovons Paris, qui reste pour le moment très peu connu des Parisiens

Laura Brimont, chercheure à L'iddri

 

La Mairie pourrait ainsi lancer une campagne de crowdfunding en prêt auprès des Parisiens pour financer une partie du fonds public de 50 millions d'euros prévu pour soutenir la rénovation énergétique des copropriétés.

Enfin, le crowdfunding pourrait être utilisé comme un outil de coopération territoriale énergétique entre Paris et les autres territoires  franciliens. Paris pourrait par exemple investir dans des projets de production d’énergies renouvelables en Île-de-France tout en associant financièrement les riverains des zones d’implantation, améliorant ainsi l’acceptabilité politique du projet.

 

Le projet « La place du crowdfunding pour la ville »

Le projet « La place du crowdfunding pour la ville » a été réalisé par l’Iddri avec l’appui financier de l’Ademe et de la Mairie de Paris.  Il étudie les usages du financement participatif (ou « crowdfunding ») par les collectivités locales en France. Le rapport et la synthèse du rapport sont accessibles sur le site de l’Iddri.