Présentation
Cette Étude examine dans un premier temps les principaux facteurs ayant façonné les dépenses alimentaires en France au fil des décennies. Puis elle analyse les effets de l’inflation 2022-2024, révélateurs des conséquences d’une alimentation plus chère, et identifie des menaces croissantes sur les prix agricoles et alimentaires, qui pourraient mener à une répétition et une extension des crises à l’avenir. Enfin, elle appelle à ouvrir le débat relatif aux modalités d’une intervention publique sur la demande qui viserait à limiter la probabilité et la magnitude des crises alimentaires à venir.
Messages clés
- Le « pacte alimentation » repose sur la promesse d’un accès généralisé à une alimentation sûre, abordable et conforme aux préférences des ménages. Il est aujourd’hui mis en tension par plusieurs phénomènes : a) une dualisation croissante de l’alimentation entre un segment haut de gamme faisant place aux engagements santé et environnement, et un segment conventionnel abordable avec peu de valeur ajoutée, b) une hausse des situations de privation et d’insécurité alimentaire, et c) une prise en tenaille croissante du budget dédié.
- La première dimension de cette prise en tenaille renvoie à la « secondarisation » de l’alimentation. La hausse des dépenses contraintes (e.g. logement) accroît la pression sur les budgets alimentaires, alors que les ménages ne souhaitent ni ne peuvent dédier plus de temps à cette activité. Ainsi, face à des hausses de prix, on ne peut compter ni sur un retour à la cuisine, ni sur une hausse du consentement à dépenser plus pour l’alimentation.
- La seconde dimension concerne les prix de l’alimentation. Les études pointent une série de facteurs (e.g. changement climatique, aléas sanitaires, prix de l’énergie) qui alimenteront la hausse des prix tendancielle, ainsi que des chocs probablement plus fréquents et plus forts. Les facteurs jouant à la baisse sont incertains et probablement insuffisants pour compenser ces hausses : la pression devrait donc s’accroître.
- Pour faire face à cet effet ciseau sur le budget alimentaire des ménages et anticiper les conséquences de potentielles crises sociales et politiques, une politique de la demande doit être développée en a) accompagnant les changements de régime alimentaire et en b) soutenant les catégories de la population les plus exposées.