Ukȧmȧ
La plateforme Afrique-Europe des spécialistes du développement durable
Présentation
La plateforme Ukȧmȧ vise à construire un processus de dialogue informel entre un ensemble d’experts africains et européens mettant en commun différentes perspectives de la coopération entre l’Afrique et l’Europe, notamment en matière de climat, de développement durable, de transformation économique, de coopération internationale, de finance et de commerce, afin de faciliter l’émergence d’attentes politiques communes. L’objectif principal de la plateforme est de réunir des analystes critiques qui contribueront à définir les thèmes et les enjeux pertinents pour renforcer une prospérité partagée entre l’Afrique et l’Europe, en identifiant ce qui fonctionne bien mais aussi les domaines où cela fonctionne mal. Quels sont les obstacles et comment les éliminer pour assurer une meilleure symétrie et une plus grande prospérité des deux parties ?
En développant un réseau d’experts africains et européens (issus de think tanks et d’universités) mobilisés en faveur d’une relance durable et de la transformation économique de l’Afrique, se réunissant régulièrement pour débattre et réfléchir de manière indépendante aux relations entre l’Europe et l’Afrique et co-construire des propositions de valeur pour une coopération renouvelée entre les deux continents, la plateforme vise, à long terme, à apporter des idées nouvelles pour surmonter les malentendus et favoriser la collaboration. Son objectif est aussi d’améliorer le rapport en mettant en commun de nouvelles analyses empiriques : la connaissance est essentielle pour changer la relation !
La plateforme Ukȧmȧ est coprésidée par Chukwumerije Okereke (professeur à l’Université fédérale Alex Ekwueme Ndufu-Alike Ikwo ; directeur du Centre for Climate Change and Development (CCCD)), et Sébastien Treyer (directeur de l’Iddri) et encadrée par un comité de pilotage composé des membres suivants : Ann Kingiri, chercheuse senior (ACTS), Kenya ; Fatima Denton, directrice de l’Institut des ressources naturelles en Afrique de l’Université des Nations Unies, Ghana ; Chantal Naidoo, Fondatrice de Rabia Transitions, Afrique du Sud ; Youba Sokona, vice-président du GIEC ; San Bilal, Directeur associé - économies africaines durables et action climatique (ECDPM), Pays-Bas ; Aparajita Banerjee, chercheur senior, German Institute of Development and Sustainability (IDOS).
Contexte
En 2015, l’Union Africaine (UA) a clairement défini dans l’Agenda 2063 son cadre stratégique visant à atteindre son objectif de développement inclusif et durable. Dans ce contexte, l’UA a indiqué ses principales priorités en matière de partenariat avec l’UE : croissance économique, commerce et investissement, paix et sécurité, migration et mobilité, changement climatique, sécurité sanitaire et renforcement de la gouvernance du partenariat entre les continents. Ce n’est plus la sécurité, mais bien la transformation économique qui prime dans les stratégies africaines, avec de fortes attentes à l’égard de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), qui est désormais au centre du partenariat entre les continents.
En mars 2020, la Commission européenne et le Service européen pour l’action extérieure ont présenté une communication conjointe pour une stratégie globale avec l’Afrique dans cinq domaines clés : transition verte et accès à l’énergie, transformation numérique, croissance et emplois durables, paix, sécurité et gouvernance, et migration et mobilité. L’UE a fait d’un « avenir à faibles émissions de carbone, efficace dans l’utilisation des ressources et résilient face au changement climatique », afin d’atteindre les objectifs de développement durable, la principale priorité de sa proposition de stratégie. Elle entend également soutenir les efforts de l’Afrique pour atteindre les objectifs et les domaines prioritaires définis dans l’Agenda 2063, en matière d’atténuation du changement climatique et de résilience ainsi que de mesures d’adaptation adéquates, tout en surveillant avec attention les implications sociales. L’accord de Paris, adopté la même année que l’Agenda 2063, unit les deux continents dans l’ambition générale de maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels, tout en poursuivant les efforts pour limiter l’augmentation à 1,5 degré.
Ainsi, à première vue, les agendas définis par l’UE et l’UA montrent d’importants chevauchements et l’existence d’axes prioritaires de coopération renforcée dans le domaine des transformations économiques structurelles bas carbone. Toutefois, ces chevauchements et ces agendas conjoints ne doivent pas occulter le fait qu’un véritable agenda de coopération nécessite de surmonter certaines divergences ou d’éventuels malentendus sur ces domaines d’intérêt commun. Les cadres conceptuels, ainsi que les outils opérationnels et les décisions sont tous en jeu, comme le montrent quelques exemples. L’UE propose d’utiliser son Pacte vert européen comme cadre de coopération. Cependant, cette proposition est remise en question par l’UA, qui estime qu’il y a un risque à s’engager dans un processus encore indéfini. Le concept de « transition durable et juste » semble lui-même assez communément admis en Europe pour désigner un défi commun et un processus de redéploiement industriel pour tous les États membres de l’UE, malgré l’hétérogénéité de leur situation économique, sociale et politique. Mais cela pourrait ne pas suffire pour décrire les défis auxquels sont confrontés les pays africains, où la question de la « transformation économique structurelle » est primordiale, même si le but recherché est également la durabilité (une prospérité résiliente bas carbone pour tous). Dernier exemple, différentes options du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MCAF), développé par l’Union européenne dans le cadre de l'accord interne afin de rendre la transition réalisable, ont également été conçues afin d’éviter que les pays africains soient impactés par un tel mécanisme. Toutefois, les pays les moins avancés et les pays à revenu intermédiaire d’Afrique continuent de s’inquiéter du contexte commercial général, y compris du MCAF.
Compte tenu des asymétries historiques, il est indispensable que l’approche du partenariat entre l’Europe et l’Afrique soit équilibrée, en soulignant certaines des divergences potentielles des deux côtés et en abordant ouvertement ces possibles divergences entre les deux groupes en matière de priorités stratégiques pour la collaboration.
À cet égard, il semble essentiel que l’Europe comprenne mieux les attentes africaines en matière de relance durable et de transformation verte, ainsi que les opportunités et leurs conséquences pour le partenariat stratégique.
Événements
- 18 octobre 2024 : Échange stratégique à huis clos, virtuel : « Catalyser l'industrialisation verte dans la transformation des aliments pour le commerce - Considérations stratégiques pour la collaboration Afrique-Europe ». Le Centre africain d'études technologiques (ACTS), le Centre européen de gestion des politiques de développement (ECDPM) et la plateforme Ukama ont organisé une réunion à huis clos sur le rôle des systèmes agroalimentaires et de la transformation des aliments pour l'industrialisation verte en Afrique et les implications pour la collaboration Afrique-Europe.
- 2 octobre 2024 : Atelier politique à huis clos, en personne à Bruxelles : « Tirer parti de l'industrialisation verte pour une transition juste : Partenariats stratégiques Afrique-Europe ».
- 21 juin 2023 : Dialogue politique en personne à Paris - « Sécurité énergétique et transitions équitables dans les relations entre l'Afrique et l'Europe ».
- 2 novembre 2022 : Atelier - Perspectives africaines sur les Partenariats pour une transition énergétique juste
- 24 janvier 2022 : Atelier - L'innovation pour la transition énergétique - comment peut-elle assurer une prospérité partagée entre l'Afrique et l'Europe ?
- 25 novembre 2021 : Événement de lancement de Ukȧmȧ, avec Chukwumerije Okereke (professeur à l’Université fédérale Alex Ekwueme Ndufu-Alike Ikwo ; directeur du Centre for Climate Change and Development (CCCD)), et Sébastien Treyer (directeur de l’Iddri) et des experts. Un atelier fermé organisé en suivant les règles de Chatham House.