Le 5 janvier 2017, la Chine a publié son Plan de développement énergétique pour la période couvrant son 13e Plan quinquennal (2016-2020)[1]. Ce plan reprend les objectifs définis dans le plan quinquennal, mais il est complété par plusieurs nouveaux objectifs quantitatifs. Les cibles fixées sont les suivantes :
  • Une réduction de 15 % de la consommation énergétique par unité de PIB d’ici 2020 par rapport au niveau de 2015 (déjà fixée dans le 13e plan quinquennal)[2];
  • Une nouvelle limitation de la consommation totale d’énergie fixée à 5 milliards de tonnes équivalent charbon (tec) d’ici 2020 ;
  • Une augmentation de 15 % de la part des énergies non fossiles (objectif déjà défini dans le 13e plan quinquennal), avec une part du gaz naturel atteignant 10 % (chiffre précédemment fixé au niveau ministériel) et une part du charbon baissant au dessous de 58 % (nouvel objectif) d’ici 2020.
  Cet article analyse les défis liés aux deux nouveaux objectifs (le plafond de consommation énergétique et le mix énergétique) fixés dans ce plan.

L’objectif en matière de consommation énergétique totale devrait-il être plus ambitieux ?

La limite de la consommation d’énergie fixée par la Chine pour 2015-2016 a suscité un débat entre experts chinois. Les premiers chiffres avancés pour la consommation totale d’énergie d’ici 2020 se situaient entre 5,1 et 5,3 milliards de tec. Le plan a finalement réduit ce niveau à 5 milliards de tec. Quantitativement, ce plan semble donc avoir fixé un objectif plus ambitieux que ce qui avait été suggéré par les experts. Les tendances récentes de la consommation énergétique annuelle montrent qu’il est probable que cet objectif soit atteint d’ici 2020. La consommation totale d’énergie était de 4,3 milliards de tec en 2015, donc un taux annuel moyen de croissance de la consommation d’énergie de 3,06 % entre 2016 et 2020 sera nécessaire pour atteindre 5 milliards de tec d’ici 2020. La consommation totale d’énergie s’élevait à 36,06 milliards de tec en 2010, ce qui représente un taux de croissance annuelle moyen de 3,58 % pour la période 2011-2015 (par rapport au niveau de 2010), avec des augmentations de la consommation annuelle d’énergie de 7,32 %, 3,90 %, 3,68 %, 2,13 % et 0,99 % pour 2011, 2012, 2013, 2014 et 2015 respectivement. Si cette tendance d’une faible croissance de la consommation d’énergie observée en 2014 et 2015 se poursuit au cours de la période 2016-2020, il ne devrait pas être très difficile de respecter le plafond de consommation énergétique totale.

Mix énergétique : une forte augmentation du gaz naturel

  Le plan définit la proportion de trois types d’énergie dans la consommation énergétique totale d’ici 2020 : 15 % de combustibles non fossiles, 10 % de gaz naturel et un peu moins de 58 % de charbon, ce qui laisse donc 17 % de pétrole. On peut comparer ces données à celles de la répartition du mix énergétique de 2015, qui était de 64 % de charbon, 18 % de pétrole, 6 % de gaz naturel et 12 % de combustibles non fossiles.   L’augmentation continue de la part des combustibles non fossiles est essentielle pour garantir la sécurité énergétique dans un scénario de transition verte, mais ce plan appelle aussi à augmenter considérablement la consommation de gaz naturel (l’objectif en matière d’énergies renouvelables est déjà établi dans le plan quinquennal général et ne devrait pas être modifié pendant ces cinq ans). Cela s’explique essentiellement par le fait que les systèmes de chauffage au gaz naturel peuvent réduire la pollution atmosphérique locale en Chine par rapport à ceux alimentés au charbon. La Chine disposant de réserves limitées de gaz naturel, cela entraînera une demande chinoise accrue en gaz naturel sur le marché international, ce qui rendra le pays plus dépendant des importations, et pourrait également avoir des conséquences sur le prix du gaz naturel sur les marchés internationaux au cours des prochaines années.

Mix énergétique : un défi majeur en matière de consommation de pétrole

  La consommation totale de pétrole s’est élevée à 650 millions de tec en 2011 et à 778 millions de tec en 2015, soit un taux de croissance de 20 % en cinq ans entre 2011 et 2015. En supposant que les objectifs fixés soient atteints, c’est-à-dire un plafond de consommation d’énergie totale de 5 milliards de tec et une part du pétrole de 17 % dans la consommation énergétique totale, cela équivaudrait à une consommation de pétrole de 850 millions de tec d’ici 2020, soit une croissance de 9 % de cette consommation entre 2016 et 2020.   Par rapport au taux de croissance de 20 % de la consommation entre 2011 et 2015, ce taux de 9 % pour 2016-2020 semble difficile à atteindre, tout comme l’objectif d’une part de pétrole de 17 % d’ici 2020, et cela pour plusieurs raisons : premièrement, le secteur du transport national s’est développé et continuera très probablement à croître, notamment en raison de l’augmentation de la consommation d’énergie qui repose largement sur les services de logistique et de transport. Cela continuera à faire augmenter la demande en essence et en diesel. Deuxièmement, le développement de véhicules propres n’est pas en mesure de générer un effet de substitution massif en Chine pour remplacer les véhicules traditionnels utilisant des combustibles fossiles. Avec la demande croissante de nouveaux véhicules à mesure que le niveau de vie s’améliore, le nombre de véhicules traditionnels achetés devrait augmenter, ce qui entraînera également une hausse de la consommation d’essence et de diesel.
Note: Toutes les données proviennent du Bureau national des statistiques de Chine si la source n’est pas expressément mentionnée.   [1] Le Plan quinquennal est publié en mars de la première année de la période concernée après avoir été approuvé par le Congrès national du peuple de Chine (en mars 2016 pour le 13e plan). Après la publication du plan général, plusieurs plans sectoriels pour la période du plan quinquennal sont publiés. Le plan énergétique dont il est question ici est l’un de ces plans sectoriels. [2] En général, les plans sectoriels ne modifient pas les objectifs généraux fixés dans le plan quinquennal, mais peuvent ajouter de nouveaux objectifs spécifiques, comme c’est le cas ici.