Intervenants :

Modérateur : Stéphane Guéneau, Iddri.


Quel agenda pour le développement forestier en RDC, dans un contexte de sortie de conflit ?

Sur ce sujet, le rapport rédigé par la Banque mondiale, en collaboration avec le Cifor, le Cirad et des ONG nationales et internationales trace un certain nombre de pistes dont certaines font encore l'objet de débats.
Les réformes du secteur envisagées par les auteurs laissent sceptiques l'ONG Greenpeace qui considère que la mise en concessions du domaine forestier public n'est pas une solution permettant de satisfaire les objectifs affichés par les auteurs du rapport, en particulier la réduction de la pauvreté des populations forestières locales. L'ONG estime que des politiques similaires ont été mises en oeuvre au Cameroun, sans avoir produit de bénéfices substantiels pour les populations locales. Greenpeace s'oppose donc aux stratégies de coopération qui visent à appuyer le développement d'une industrie  forestière dans des contextes où la gouvernance est faible et où la corruption reste élevée. Mais Greenpeace avoue cependant que la situation est complexe et ne pas disposer de remèdes miracles pour un développement durable du secteur forestier en RDC.
L'ONG Global Witness estime quant à elle que la résolution des problèmes de corruption et le rétablissement de l'état de droit en zone forestière devraient constituer les conditions préalables à la mise en oeuvre de la réforme du secteur forestier. La Banque mondiale et ses partenaires signalent qu'ils proposent un agenda pragmatique qui ne vise pas spécifiquement à promouvoir un développement industriel, mais plutôt à encadrer  les activités forestière dans un contexte de relance économique du pays. La Banque soutient cet argument  en signalant qu'elle s'est positionnée en faveur du maintien du moratoire sur la mise en place de nouvelles concessions forestières, point sur lequel l'ensemble des parties prenantes au débat s'accordent. Toutefois, la Banque reconnaît que le rapport s'est concentré surtout sur le secteur industriel et que l'encadrement du  secteur artisanal et informel y est très peu abordé.
Cette question mériterait davantage de travaux de recherche et de concertation avec les acteurs, car personne n'a de stratégie claire sur le secteur informel ou encore sur les forêts sèches. Cependant, au delà des débats de fond sur les modèles de développement et les lacunes du rapport, certaines  innovations et  propositions originales ont particulièrement retenu l'attention des participants au débat. Celles-ci concernent entre autre, le zonage multipartite et multiusage des espaces forestiers, la création de fonds fiduciaires pour financer les aires protégées, les projets de réhabilitation des parcs, les projets pilotes de fond carbone pour les plantations d'arbre, et la mis en  place de contrats de rémunération environnementaux.