L’ambition de la COP21 n'est rien moins que d’établir un nouveau régime, contraignant et universel, destiné à supplanter l’accord de Kyoto. Faut-il pour atteindre cet objectif privilégier le succès diplomatique au succès climatique ? Ou y a-t-il, derrière le processus onusien de négociations quelque peu obscur et laborieux, une vision et une ambition réelles qui pourraient déboucher sur un accord utile et efficace ? Le cas échéant, où sont aujourd’hui les lignes de fractures, les potentiels points d’achoppement d’un tel accord qui révèlent, en creux, les enjeux de la discussion ?

MESSAGES CLÉS:

  • AVANT COPENHAGUE : LA FRACTURE NORD-SUD

Rio (1992) et Kyoto (1997) ont été construits selon des règles et des catégories : les responsabilités et les objectifs ont été établis de façon collective et générique, mais ne s'appliquent qu'aux pays dits « de l'Annexe I », historiquement responsables des émissions. La préparation de Copenhague était encore teintée par cette vision du monde, qui s'est heurtée à une série d'obstacles majeurs. Une nouvelle approche était donc nécessaire, pour imaginer le protocole post-Kyoto.

  • COPENHAGUE : UN ÉCHEC PRODUCTIF ?

La conférence de Copenhague (2009) a été une étape douloureuse, mais a constitué un tournant important dans les négociations sur le climat. Elle a montré qu'un accord ne peut porter ses fruits s'il n'est pas universellement validé, transparent et évaluable. Cela a entraîné un changement majeur dans les négociations sur le climat, désormais fondées sur une approche ascendante (bottom-up), plutôt que descendante (top-down) et non plus sur le partage des efforts : lors de la Conférence de Varsovie (2013), il a été convenu que chaque pays devrait préparer et soumettre au processus sa « contribution déterminée à l'échelle nationale » (INDC).

  • LA ROUTE VERS PARIS : UN CHANGEMENT DE PARADIGME

Dès 2012, les négociations sur le climat de Durban ont fixé l'ordre du jour de la préparation de la conférence de Paris, comprenant deux composantes : la mise en place d'un nouveau régime climatique international post-2020 (post-Kyoto) impliquant tous les pays et répondant à l'objectif 2°C convenu au niveau international ; et un plan d'action pour lancer des initiatives supplémentaires à court terme visant à réduire l'écart entre les promesses de réduction d’émissions d'ici à 2020 et le budget carbone maximal acceptable pour la même période, conformément aux indications fournies par le Giec. Du point de vue des pays, la lutte contre le changement climatique n'est dès lors plus simplement une question d'émissions et de répartition des efforts, mais aussi de choix technologiques, économiques et sociaux, de vision du futur.

  • PARIS : UN PLAN DE TRANSFORMATION ?

La conférence de Paris de décembre 2015 vise à mettre en place un nouveau régime contraignant et universel pour remplacer l'accord de Kyoto. La tâche qui attend les négociateurs n'est pas simple : ils devront parvenir à un accord sur un nouveau modèle plus axé sur les procédures que sur les annonces. Leur vision est maintenant concentrée sur : l'établissement d'un nouveau régime universel à la fois contraignant et durable ; le renforcement des avantages de la coopération dans un cadre de règles et d'instruments renouvelé, favorisant ainsi l'apprentissage et le soutien collectifs ; la création d’une dynamique cyclique de renégociations régulières afin de maintenir la pression politique.

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