À travers une synthèse des travaux de recherche et de dialogues engagés par l’Iddri en partenariat avec le think tank allemand Agora Energiewende, cette étude vise à définir les enjeux et les contours d’une feuille de route stratégique pour le déploiement et l’intégration des énergies renouvelables en France : la visibilité à long terme ; la nécessité de mieux appréhender la transformation à l’échelle régionale et européenne ; la question réglementaire, essentielle pour réduire l’incertitude et accélérer le déploiement des projets ; en termes d’intensité capitalistique des projets ENR, la question des instruments permettant de réduire les risques et les coûts du financement ; les questions de l’acceptation des projets à l’échelle locale et de l’appropriation de ces projets par les différents acteurs.

Points clés :

  • LA NÉCESSAIRE ACCÉLÉRATION DU DÉVELOPPEMENT DES ÉNERGIES RENOUVELABLES ÉLECTRIQUES

La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (TECV) adoptée en 2015 fixe l’objectif d’un doublement de la part des énergies renouvelables dans la consommation électrique, qui devra atteindre 40 % à l’horizon 2030. Cela suppose une forte accélération du rythme actuel de développement des filières renouvelables. Un levier important existe dans la réduction des délais de réalisation des projets qui atteignent 7 à 8 ans dans la filière éolienne, via des mesures de simplification administrative et de fluidification des raccordements au réseau. Le permis unique et la limitation des délais de raccordement à 18 mois, mesures prévues par la loi TECV, devront être pleinement mises en oeuvre, et une réflexion sur des mesures permettant d’encadrer les recours judiciaires serait un complément utile.

  • DESSINER UNE TRAJECTOIRE STRATÉGIQUE DE L’ÉVOLUTION DU SYSTÈME ÉLECTRIQUE

Cette planification doit sortir d’une logique dite de « portefeuille » établissant les parts de chacune des technologies dans l’offre électrique, pour présenter une projection plus détaillée de l’évolution du secteur et en particulier de la demande électrique, alors que de nouveaux usages sont envisagés pour l’électricité et que l’efficacité énergétique est une priorité affichée de la transition. Une feuille de route sera alors disponible, permettant d’améliorer la crédibilité des politiques mises en place et la cohérence entre les différents objectifs, de coordonner les investissements et de faciliter le suivi et l’évaluation des politiques au moyen d’indicateurs appropriés.

  • CALIBRER LES NOUVEAUX DISPOSITIFS EN VUE DE L’INTÉGRATION DES ÉNERGIES RENOUVELABLES AU MARCHÉ ÉLECTRIQUE

L’évolution vers une intégration plus forte au marché des énergies renouvelables électriques, avec le passage au complément de rémunération et, à terme, la généralisation des appels d’offres, devra se faire avec précaution et de façon progressive. Il est en effet important de laisser aux acteurs le temps de s’adapter à la commercialisation directe de leur énergie. L’évaluation de l’impact de ces mesures sur la concentration du marché électrique et la diversité des acteurs sera essentielle. En effet, d’une part, l’émergence d’un marché concurrentiel d’agrégateurs est nécessaire pour le succès de la réforme. D’autre part, les projets de taille plus modeste portés par des acteurs locaux, présentés comme une priorité de la transition à l’échelle française, pourraient être pénalisés par ce renforcement de la mise en concurrence.

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