Une intervention de Mathieu Saujot en tant que témoin expert lors de cet atelier sur le thème de la transition énergétique équitable, organisé par l'ADEME, le réseau des agences d'urbanisme en Auvergne-Rhônes-Alpes, le Pôle scientifique et technique (PST Rhônes-Alpes) et l'Agence régionale de l'énergie et de l'environnement en Rhône-Alpes.

Présentation :

Depuis 2007, et surtout depuis 2008, la production nationale et locale publique et privée de connaissance sur la « vulnérabilité » et la « précarité » énergétique a explosé. Des méthodes quantitatives mais aussi qualitatives se sont multipliées, utilisant des variables communes plus ou moins réadaptées aux logiques de connaissance, donnant lieu à divers indicateurs testés à des échelles territoriales qui vont de la commune au national.

Les résultats, surtout quantitatifs et issus de la modélisation de multiples données aux sources très éparses et parfois non actualisées, montrent ainsi une image assez récurrente des caractéristiques des ménages précaires, de leurs niveau de vulnérabilité, et de leur localisation globale. D’autres approches mobilisant des sources de données plus stabilisées, globales et institutionnelles apportent également une vision qui complète et parfois interroge celles issues de la modélisation. Tous ces efforts ont produit un panorama diversifié, faiblement développé dans les démarches de diagnostic territorial, mais qui ont aidé à poser deux questionnements : Comment assurer la transition énergétique et la robustesse des territoires et des ménages au regard de la vulnérabilité qui produit des écarts dans les pratiques de consommation d’énergie ? Quelles données permettraient d’alimenter (et accompagner) les politiques et programmes d’actions existants (ou à créer) concernant ce volet social de la transition souhaitée ?

En Auvergne - Rhône-Alpes, des efforts très importants de production de données et d’observation - sensibilisation publique et politique sur la double vulnérabilité socio-énergétique ont été produits, et à diverses échelle. Néanmoins la représentation politique du phénomène a du mal à émerger, les diagnostics restent très limités voire marginaux, et l’intégration des résultats au sein de la planification et gestion territoriale reste quasiment absente. De ce fait le lien entre observation et politiques publiques ad hoc, n’est pas des plus adéquats. Cela explique que du point de vue des techniciens et du milieu de la recherche, ainsi que des instances politiques et institutionnelles plus au fait de la question, émergent de nombreuses questions, dont celle-ci : Comment appréhender cette transition énergétique dans son interface territoire-politiques-société, au sein d’un objectif global de transition énergétique équitable ? Cette question interroge le processus de connaissance en lien avec la détection, l’objectivisation et la territorialisation des situations de précarité ou pauvreté énergétique, le suivi des politiques publiques, etc.