L’océan atténue le changement climatique d’origine anthropique en absorbant de très fortes quantités de chaleur et de dioxyde de carbone qui s’accumuleraient sinon dans l’atmosphère. Il recueille également l’eau provenant de la fonte des glaces. Mais en assumant ce rôle, l’océan paye un prix très lourd : réchauffement, acidification, désoxygénation et élévation du niveau de la mer.

Dans le Policy Brief intitulé Implications des liens étroits entre Océan et Climat pour les négociations climatiques internationales, récemment publié en quatre langues, l’Iddri explique les enjeux de ces changements océaniques. L’analyse se base sur un article scientifique paru dans la revue Science en juillet 2015 synthétisant les changements récents et à venir de l’océan et de ses écosystèmes, et l’évolution des biens et des services que ces milieux fournissent aux hommes. Deux scénarios d’émissions opposés sont pris en compte : le scénario résultant de fortes émissions (encore appelé « poursuite des tendances actuelles » et profil représentatif d’évolution de concentration 8.5, ou RCP8.5, Representative Concentration Pathway 8.5 en anglais) et le scénario résultant d’une réduction draconienne des émissions (RCP2.6), cohérent avec l'objectif de +2 °C défini par l’Accord de Copenhague.

Les quatre messages clés à retenir sont :

  1. L’océan joue un rôle déterminant dans le système climatique et fournit des services essentiels aux hommes,
  2. Des impacts sur d’importants organismes marins et côtiers, des écosystèmes et sur des services qu’ils fournissent sont déjà constatés. Bien avant 2100, plusieurs de ces milieux feront face à des risques élevés y compris dans le scénario d’émissions faibles (RCP2.6). Cela revient à considérer l’objectif de +2 °C comme la limite supérieure acceptable concernant les émissions futures. Le problème est mondial et dépasse la division Nord-Sud car des impacts se produiront sous toutes les latitudes,
  3. Le nombre et l’efficacité des solutions pour l’océan (atténuation, protection, reconstruction, adaptation) et par conséquent la marge de manœuvre de l’humanité, se réduisent au fur et à mesure que la concentration de CO2 augmente dans l’atmosphère,
  4. À l’échelle internationale, une réduction immédiate et considérable des émissions de CO2 est nécessaire. En effet, des émissions conformes à la trajectoire RCP2.6 sont impératives pour atteindre les objectifs fixés par la CCNUCC. Tout scénario d’émissions moins rigoureux entraînerait des modifications océaniques substantielles.

À cette fin, la COP21 constitue une première étape et une occasion unique et majeure pour orienter le monde et l’océan dans la bonne direction.