Depuis quelques années, d’importants déplacements de populations sont régulièrement annoncés comme l’une des conséquences les plus dramatiques du changement climatique. Plusieurs dizaines de millions de personnes pourraient ainsi être contraintes à l’exil en raison des impacts du réchauffement global, selon les estimations alarmistes. Ces prédictions, pourtant, relèvent d’une logique largement déterministe, qui simplifie souvent la relation entre dégradation environnementale et migrations à une causalité directe, et néglige l’importance des cadres normatifs.

L’ampleur et la nature de ces flux migratoires, pourtant, ne dépendront pas uniquement des impacts du changement climatique, mais également – et surtout – des politiques qui seront mises en place pour limiter ces impacts et encadrer ces migrations. L’exposé prendra le contre-pied de l’approche déterministe dominante pour se pencher sur les réponses politiques apportées jusqu’ici aux mouvements de population provoqués par des dégradations environnementales.

En particulier, on examinera l’émergence progressive de la question des « migrations environnementales » à l’agenda politique, et comment les politiques migratoires et environnementales ont évolué dans des sens différents pour traiter cette question. La traduction de ces politiques sur le terrain sera examinée et comparée dans deux cas d’études: le déplacement massif de la population de La Nouvelle-Orléans suite à l’ouragan Katrina, et la migration progressive des habitants de Tuvalu, archipel du Pacifique Sud menacé par la montée des océans, vers la Nouvelle-Zélande.