Table ronde organisée par l'Iddri, en collaboration avec l'Institut français de la biodiversité (IFB), dans le cadre de la COP6, qui a eu lieu à La Haye (Pays-Bas), du 8 au 19 avril. La confrontation des expériences africaines et françaises en matière de protection des savoirs locaux qui y ont été présentées a mis en évidence l'intérêt d'élargir les débats aux usages locaux. Un recensement des acteurs français de la gestion des savoirs locaux est actuellement en cours afin de dégager l'originalité de l'approche française.

La table ronde, animée par Bernard Roussel du Muséum national d'histoire naturelle, était articulée autour de trois interventions.
  • Michel Billod, agriculteur dans le Jura et président d'une coopérative de production de comté, a montré comment l'appellation d'origine contrôlée a permis de maintenir la race laitière Montbéliard et a contribué au développement économique de la région et à l'amélioration de la situation des agriculteurs.
  • Jean Boutrais, géographe à l'IRD-Paris, et Salamatou Sow, ethnolinguiste peul de l'IRD-Niger, ont parlé des savoirs des Peuls pasteurs concernant l'élevage bovin et la fabrication de produits laitiers.
  • Jean-Aubéric Charles, délégué de la Fédération des organisations amérindiennes de Guyane (FOAG), a parlé des communautés autochtones de Guyane.

Participaient également à la table ronde Maria Espinosa (UICN) et Jacques Weber (IFB).

Plusieurs points sont ressortis des débats:

  • La marchandisation de la nature. Avec l'accélération de l'industrialisation, les ressources naturelles et les savoirs ont acquis une valeur d'échange qui a profondément modifié les relations entre l'homme et la nature. Le recours systématique à la monnaie contraste avec le système de valeur des communautés autochtones et locales. Or, en se référant uniquement à la valeur économique des produits, les échanges sont inéquitables pour les populations autochtones. Dans ce contexte, la pertinence de la notion de commerce équitable a été évoquée.
  • Les modalités de protection des savoirs. Les participants ont discuté de différents systèmes pour protéger les connaissances des communautés autochtones et locales : l'identification géographique et l'appellation d'origine contrôlée utilisées en France ; le système régional d'accès multilatéral aux ressources génétiques fondé sur la propriété collective, promu par le Pacte andin.
  • La nécessaire participation des communautés autochtones et locales dans les débats internationaux et dans les processus nationaux de décision.

Pour conclure, Jacques Weber, directeur de l'IFB, a souligné les similitudes entre des situations à priori différentes, celles des communautés agricoles françaises, des communautés amérindiennes et des communautés africaines : trouver les moyens de conserver leur identité sachant que ce sont des petits groupes répartis sur de vastes territoires ; ne pas disposer des droits pour maîtriser leur présent et leur futur ; conquérir le droit à la parole.