Cet article tente d’apporter des éléments de réponse à deux questions : peut-on avoir des certitudes sur l’avenir de la croissance ? Dans l’hypothèse d’une croissance faible pour les décennies à venir, oscillant par exemple entre 1 % de croissance annuelle et la stagnation du PIB, peut-on prospérer ? Pour répondre à ces questions, un exercice de modélisation a notamment permis d'étudier dans le détail les liens entre la problématique énergie-climat et l’économie.

Points clés :

  • LA CROISSANCE, UNE OBSESSION POLITIQUE

Dans les discours politiques, de droite comme de gauche, la croissance économique est invoquée comme la solution aux problèmes économiques et sociaux, i.e. une condition sine qua non de la prospérité individuelle et collective. Pour les tenants de ces discours, une forte croissance est non seulement souhaitable, mais elle est également un objectif atteignable pour peu que l’on s’en donne les moyens.

  • DES TAUX DE CROISSANCE EN BAISSE DEPUIS QUARANTE ANS ET UN AVENIR INCERTAIN

La littérature académique montre qu’au-delà de la crise actuelle, il existe de nombreux doutes sur la capacité des pays à renouer avec une croissance éleveé. De nombreux facteurs, comme la tertiarisation des économies, le rythme et la nature des innovations technologiques ou les évolutions démographiques, impliquent que la croissance moyenne au sein de l’Union européenne pourrait être plus faible dans les prochaines décennies qu’au cours des trente dernières années.

  • LA PROBLÉMATIQUE ENVIRONNEMENTALE RENFORCE CETTE INCERTITUDE

La gravité des enjeux environnementaux est tantôt vue comme une opportunité de provoquer une nouvelle révolution industrielle porteuse de croissance, et tantôt perçue comme une contrainte qui ralentirait plus encore l’économie. L’exercice de modélisation mené dans ce rapport étudie les liens entre climat et macroéconomie. Il renforce le diagnostic d’incertitude sur l’avenir de la croissance économique. Dans le cadre d'hypothèses pessimistes, mais plausibles, pour les décennies à venir (sur les ressources énergétiques, le coût des énergies renouvelables ou l’évolution des modes de vie), l’environnement réduit significativement la croissance.

  • PROSPÉRER SANS CROISSANCE, UNE AMBITION POLITIQUE

Cette étude montre que des taux de croissance très faibles dans le futur n’imposent pas de renoncer à la prospérité telle qu’on la conçoit dans les démocraties européennes. Les liens entre emploi, protection sociale, équité, bien-être d'une part, et croissance économique d'autre part, sont moins solides qu’on ne le pense. En matière d’emploi, certains auteurs soutiennent qu’au-delà des crises économiques, ce n'est pas la croissance qui génère de l'emploi, mais l'inverse. En matière de bien-être déclaré ou de performances sanitaires, une fois un certain niveau de vie atteint, les politiques d’égalité sont une puissante force de progrès, pas la croissance. Néanmoins, la réduction des inégalités économiques ainsi que le financement de la protection sociale sont rendus plus difficiles dans un contexte de croissance faible qui appelle donc à délibérer et à arbitrer davantage. Prospérer dans un monde post-croissance impose de faire plus de politique.

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