L’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) publie aujourd’hui une nouvelle étude sur les actifs échoués dans la production d’électricité au charbon en Chine : Coal transitions in China’s power sector: A plant-level assessment of stranded assets and retirement pathways.

Les conclusions  du rapport sont les suivantes :

  • La production d’électricité au charbon en Chine est déjà soumise à un risque élevé d’actifs échoués. Si les politiques actuelles suivent leur cours, l’investissement cumulé depuis 2005 d’environ 500 milliards de dollars dans les centrales à charbon pourrait générer une perte actualisée nette de 14,2 milliards de dollars selon les estimations de l’étude. Combiner des politiques permettant de gérer les capacités existantes de production au charbon et le déploiement accéléré d’électricité bas carbone pour atteindre l’objectif de 2 °C, pourrait réduire le montant de ces actifs échoués de 11,8 milliards de dollars.
     

    Les résultats nous ont surpris : ils montrent qu’il est possible d’augmenter  l’ambition climatique tout en réduisant les risques financiers pour le secteur du charbon

    Oliver Sartor, co-auteur de l’étude et chercheur Energie-Climat à l’Iddri

 

  • Le secteur bancaire chinois peut gérer le risque d’actifs échoués si la trajectoire 2 °C est bien conçue. Dans le scénario Managed 2 °C Pathway (voir les quatre scénarios envisagés dans l’étude), le niveau d’exposition du secteur bancaire aux risques d’actifs échoués est estimé à 33 milliards de dollars, soit un montant bien inférieur aux provisions pour pertes sur prêts du secteur bancaire chinois qui s’élèvent à environ 370 milliards de dollars.
     

    Nous trouvons ce résultat encourageant : cela signifie qu’il n’y a pas de raison financière pour retarder l’accélération de la transition bas carbone dans le secteur électrique en Chine

    Nicolas Berghmans, co-auteur de l’étude et chercheur Energie-Climat à l’Iddri

 

  • Les entreprises d’État peuvent sortir plus rapidement du charbon que les acteurs privés.  Des coûts de financement moins élevés et des objectifs de rentabilité plus modérés peuvent permettre aux entreprises d’État de sortir plus rapidement du charbon, car leurs centrales peuvent être amorties beaucoup plus vite que les centrales privées.

    La question clé est de savoir si les autorités chinoises peuvent changer les incitations pour que les entreprises d’État accélèrent leur sortie du charbon. Une structure de défaisance ou « bad bank» dédiée au secteur du charbon pourrait être envisagée pour héberger les actifs échoués

    Thomas Spencer, co-auteur de l’étude, chercheur associé à l’Iddri

 

  • Gérer la fermeture des centrales à charbon existantes devrait figurer en tête des priorités des politiques climatiques et énergétiques au niveau mondial. D’autres pays que la Chine seront confrontés à des situations tendues dans l’industrie du charbon, ils doivent se préparer à gérer la transition de ce secteur.

    Cette étude montre que nous avons besoin d’un changement de mentalité en matière de politiques climatiques : il ne suffit plus de soutenir les secteurs à faibles émissions de carbone ; nous devons gérer la transition des secteurs à forte intensité carbone. Les discussions sur le climat à la COP23, qui se tient en ce moment, doivent insister sur les leviers de transformation autant que sur les grands objectifs d’émissions.

    Teresa Ribera, directrice de l’Iddri

    Voir le récent Policy Brief de l'iddri à ce sujet

 

Le projet Transitions charbon

Ce rapport fait partie des résultats du projet « Transitions charbon : recherche et dialogue sur l’avenir du charbon », coordonné par l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) et Climate Strategies.

http://www.coaltransitions.org

 

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