L'adaptation au changement climatique, généralement pensée comme relevant quasi exclusivement des échelons nationaux et infra-nationaux, doit également être considérée au niveau global : certains des risques liés aux impacts du changement climatique sont en effet trans-nationaux, et la non-adaptation de pays pourrait avoir des répercussions sur d'autres pays, trans-frontaliers ou pas. L'établissement d'un cadre structuré autour d'un Objectif global d'adaptation (Global Adaptation Goal) s'avère donc nécessaire, tant pour la mesure et le suivi des efforts d'adaptation à l'échelle mondiale que pour lever d'éventuels obstacles politiques relatifs à la prise en compte des effets trans-nationauxs de la non-adaptation. La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques apparaît comme l'institution la plus à-même de légitimer et opérationnaliser ce cadre global.

MESSAGES CLÉS

  • IMPACTS TRANSFRONTIÈRES ET NÉCESSITÉ DE DÉFINIR UN CADRE POUR L’OBJECTIF GLOBAL D’ADAPTATION

Bien que les niveaux nationaux et infra-nationaux ont un rôle clé à jouer dans l'adaptation au changement climatique, la communauté internationale y a également sa partition à faire valoir, au-delà de la sensibilisation et de la mise à disposition de fonds. L’un des arguments majeurs est que les pays pourraient ne pas parvenir à s'adapter à la trajectoire actuelle du changement climatique, et que la non-adaptation aura des répercussions au-delà des frontières nationales. Cet article affirme ainsi que l'adaptation au niveau national est également une préoccupation globale. Il plaide ensuite pour le développement d'un cadre pour l’objectif global d'adaptation après 2015, permettant de suivre les progrès accomplis, de mieux partager les expériences et, plus important encore, de construire à la fois une compréhension collective de ce que signifie l'adaptation et des outils partagés permettant de capter les efforts d'adaptation et leurs limitations sur le terrain.

  • MESSAGES CLÉS POUR LE PROCESSUS DE NÉGOCIATION CLIMATIQUE POST-2015

La conception d'un cadre pour l’objectif global d'adaptation suppose de traiter au moins quatre défis qui, tour à tour, mettent l'accent sur les principaux domaines de progrès dans le processus de négociation climatique après 2015. (i) Le défi consiste aujourd’hui plus à rassembler les outils existants d'évaluation de l'adaptation dans un cadre cohérent qu'à inventer de nouvelles métriques. Dès lors, il est nécessaire d'élaborer une synthèse affinée des cadres existants pour évaluer les efforts d'adaptation de manière qualitative et quantitative, au niveau des pays. (ii) Quels sont les mécanismes à utiliser pour permettre le suivi des progrès ? Les contributions climat déterminées au niveau national (NDC) pourraient être des vecteurs pertinents, il est donc nécessaire de renforcer le cadre des NDC sur l'adaptation (structure, contenu, plan de travail pluriannuel) de manière à assurer un processus d'apprentissage et à jeter les bases d’un système d'évaluation de l’adéquation actions/objectifs à l'échelle mondiale. (iii) Il est nécessaire qu’une institution mondiale prenne l’initiative. Et, compte tenu de son expérience dans le domaine du changement climatique, il est important de réaffirmer le rôle clé que pourrait jouer la CCNUCC dans le suivi de l'adaptation et des risques transfrontières induits à l'échelle mondiale. (iv) Le suivi de l'adaptation et des effets transfrontières de la non-adaptation est une question extrêmement sensible qui soulèvera divers obstacles politiques. En conséquence, il est nécessaire d'anticiper ces obstacles politiques en développant une argumentation constructive sur l'utilité d'un processus global de suivi de l'adaptation, et plus largement d'un objectif global d'adaptation.

Télécharger la publication

PDF - 642.91 Ko

16 pages