L’évaluation économique des services écosystémiques est l’une des épreuves d’évaluation environnementale que les projets d’aide publique au développement sont censés subir durant le processus de décision. Nos analyses montrent toutefois que la réalisation des évaluations décline, et que leur impact sur la décision de conduire ou non le projet apparaît marginal. La configuration des banques publiques de développment, de leur organisation et du processus de décision, semble pourant parfaitement adaptée à l’utilisation de l’évaluation économique pour choisir les projets optimaux.

Points clés :

  • UN CAS A PRIORI FAVORABLE D’UTILISATION DE L’ÉVALUATION ÉCONOMIQUE : LES BANQUES PUBLIQUES DE DÉVELOPPEMENT
    Les banques publiques de développement (BPD) apparaissent, a priori, comme l’un des cas de figure les plus favorables à l’utilisation de l’évaluation économique des services écosystémiques (EESE) et de l’analyse coûts-bénéfices (ACB). Elles ont en effet pour mission de financer l’aide au développement tout en cherchant à produire des résultats positifs et en veillant à limiter les impacts sociaux et environnementaux. Le processus qui mène à la décision concernant un projet d’aide publique au développement est caractérisé par un principe actif de proposition et un principe passif de tri et de vérification ; les enjeux environnementaux y sont traités dans la partie passive du processus, en tant que précaution. Dans ce cadre, le calcul économique est, plus ou moins formellement selon les BPD, institué comme l’une des modalités d’arbitrage de la phase passive du processus de décision.
     
  • UN « JUGE DE PAIX » TROP PEU PROBANT : L’ÉVALUATION ÉCONOMIQUE N’EST PRESQUE PLUS UTILISÉE POUR ARBITRER
    Il apparaît néanmoins que la réalisation des évaluations décline, et que leur impact sur la décision de conduire ou non le projet s’en trouve marginalisé ; il en est de même pour le recours à l’ACB, toujours située parmi les dernières étapes de vérification de la phase passive de la décision. L’ACB doit en effet intégrer des aspects non marchands ; or les agents des BPD jugent que la méthodologie économique d’évaluation des valeurs non marchandes laisse une grande place à des choix arbitraires qui disqualifient, au moins partiellement, son statut d’instrument de mesure et ne permettent pas de lui accorder une confiance suffisante.
     
  • UN USAGE À DÉVELOPPER : L’ÉCONOMIE COMME PROCESSUS D’APPRENTISSAGE ET DE DÉBAT COLLECTIF DES OPTIONS POLITIQUES
    Cependant, l’ACB et l’EESE peuvent jouer un autre rôle. Les agences ont besoin d’outils leur permettant d’affiner leurs perceptions des opportunités d’investissement, d’apprécier a priori l’intérêt d’investir leurs efforts de prospection dans telle ou telle direction. Et, tout aussi important, de convaincre et d’entraîner les pays clients et les autres partenaires dans les directions qu’elles estiment potentiellement porteuses. L’utilisation heuristique, didactique et exploratoire de l’évaluation économique, son utilité rhétorique, voire politique, devraient ainsi faire l’objet de recherches plus approfondies.
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