Présentation

Ce rapport publié par le Groupe de gestion de l'environnement des Nations unies, et préfacé par le secrétaire général António Guterres, est la réponse de l'ONU à la demande des parties à la CDB (formulée à Nairobi en août 2019) de planifier une contribution des institutions de l'ONU à l'élaboration et à la mise en œuvre du cadre post-2020. 

Aleksandar Rankovic, Damien Barchiche, Lucien Chabason, Alexandra Deprez, Marcel Jouve et Fiona Kinniburgh (Bavarian School of Public Policy, Technical University of Munich) figurent parmi les contributeurs principaux de ce rapport.

Lire le rapport

Extrait

L'Iddri a contribué à l'ensemble du rapport, et plus spécifiquement sur les synergies entre l’action pour le climat et pour la biodiversité, les connexions avec l’Agenda 2030 et le HLPF, et sur la collaboration avec les conventions chimiques pour réduire les pressions à l’œuvre sur la biodiversité (voir Encadré 3, ci-dessous).

Encadré 3. Travailler avec les conventions et initiatives sur les produits chimiques pour lutter contre les moteurs de la perte de biodiversité : le cas des pesticides

Les pesticides peuvent avoir un impact important sur la biodiversité. Par exemple, il a été démontré que les pesticides, en particulier les insecticides, ont un large éventail d'effets létaux et sublétaux sur les pollinisateurs dans des conditions expérimentales contrôlées (IPBES, 2016). La gouvernance des pesticides s'inscrit dans la gouvernance des produits chimiques de manière plus générale. Les conventions de Bâle, Rotterdam, Stockholm et Minamata sont des instruments mondiaux centraux dans la gouvernance internationale des produits chimiques et des déchets. En outre, le protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d'ozone contrôle la production et la consommation de bromure de méthyle, un pesticide qui est une puissante substance appauvrissant la couche d'ozone. L'initiative internationale multipartite sur les produits chimiques, l'Approche stratégique de la gestion internationale des produits chimiques (SAICM), joue également un rôle essentiel dans la gouvernance des produits chimiques en impliquant les gouvernements, l'industrie chimique et d'autres acteurs de la société civile, tels que les ONG, avec la possibilité de travailler sur des questions allant au-delà des mandats propres des conventions, obtenus par consensus lors de négociations multilatérales.

Le cadre mondial pour la biodiversité de l'après-2020 traitera de la pollution en tant que principal facteur de perte de biodiversité, ainsi que de la gestion durable des paysages terrestres et marins de production, qui sont essentiels à la conservation et à l'utilisation durable de la biodiversité. Pour renforcer la mise en œuvre du nouveau cadre, une synergie plus forte entre les conventions sur la biodiversité et sur les produits chimiques sera essentielle. Pour les pesticides, cela concerne principalement les conventions de Stockholm et de Rotterdam et la SAICM. Pour y parvenir, plusieurs trajectoires et initiatives peuvent être envisagées, par exemple :

1. Au niveau des conventions, des plans d'action conjoints pourraient être élaborés, avec des processus spécifiques et une responsabilité devant leurs COP respectives. Cette approche pourrait être explorée à travers le travail des Parties dans les organes pertinents des conventions respectives et par leurs secrétariats dans le cadre des mandats qui leur sont confiés.

2. Au niveau national, les points focaux et les autorités responsables de la CDB, des autres conventions relatives à la biodiversité, des conventions sur les produits chimiques et d'autres conventions et organisations pertinentes, notamment l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement, pourraient collaborer plus étroitement pour attirer l'attention sur l'importance d'ajouter les pesticides aux annexes des conventions sur les produits chimiques et pour coordonner les travaux visant à trouver des solutions de remplacement plus sûres, en particulier pour les pesticides très dangereux. À cet égard, ils peuvent également travailler à la coordination de leurs instruments politiques nationaux respectifs (tels que les subventions agricoles) afin de refléter ces synergies, et coordonner les mécanismes nationaux de planification, de rapportage et de revue afin d'accroître l'efficacité et d'améliorer la cohérence.

3. Les plateformes multipartites associées aux agendas des produits chimiques et de la biodiversité offrent une opportunité de renforcer les synergies, puisque les acteurs de la société civile ont également tendance à travailler séparément sur ces questions. Le fait que les acteurs de la biodiversité s'engagent plus activement dans les discussions de la SAICM, et que les acteurs des produits chimiques s'engagent dans l'agenda de la CDB et ses discussions, pourrait contribuer au partage d'expériences et à la création d'attentes similaires en matière de changement (Kinniburgh et Rankovic, 2019).