Présentation

L'opérationnalisation de nouvelles modalités de financement pour aider les pays en développement particulièrement vulnérables aux pertes et dommages est en cours dans le cadre de l'Accord de Paris sur le climat. Dans ce contexte, des questions clés doivent être traitées concernant l'allocation des fonds et des bénéficiaires et la manière dont la vulnérabilité au changement climatique sera prise en compte dans les processus de prise de décision. Cette étude analyse les évolutions dans les domaines scientifique, juridique et financier sur la définition et la caractérisation de la vulnérabilité, afin de mieux comprendre les implications pour les Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et de trouver des pistes potentielles autour de cette question polarisée.

Messages clés

  • Le Giec a évolué en caractérisant la vulnérabilité d'un point de vue biophysique/géographique pour se concentrer sur les facteurs socio-économiques (institutionnels, économiques, culturels), avec une réorientation vers un «cadre de risque"»qui reconnaît également les vulnérabilités structurelles (comme étant indépendantes du changement climatique, exogènes). Il est entendu que la vulnérabilité diffère selon les communautés et les contextes, qu'elle évolue et que les comparaisons croisées risquent de masquer d'importantes spécificités contextuelles basées sur le lieu.
     
  • Officiellement établie en 1992, la CCNUCC désigne comme "particulièrement vulnérables" les petits États insulaires en développement et une série de caractéristiques biophysiques favorisant la vulnérabilité climatique. Le plan d'action de Bali (2007) met pour sa part l'accent sur les pays les moins avancés (PMA), les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays africains (c'est-à-dire 91 pays sur les 134 pays en développement membres du Groupe des 77 et la Chine).
     
  • Les mécanismes de financement multilatéraux pour l'adaptation (par exemple, le Fonds d'adaptation, le Fonds pour les pays les moins avancés et le Fonds spécial pour le changement climatique) ciblent les pays en développement et utilisent la vulnérabilité comme critère d'éligibilité et d'allocation des fonds. Étant donné qu'il n'existe pas de mesure de la vulnérabilité, les caractéristiques économiques (revenu du pays en développement), physiques et géographiques (zones côtières de faible altitude, PEID) et les risques (sécheresse, désertification) ont un poids important dans la priorisation des financements en fonction des projets.
     
  • Les composantes de la vulnérabilité (indicateurs de revenu, caractéristiques biophysiques et géographies) correspondent aux groupes de Parties à la CCNUCC, tels que les PMA, les PEID et le groupe régional Afrique. Toutefois, l'interprétation stricte de la vulnérabilité dans le cadre de la convention limite la prise en compte des pays en évolution (c'est-à-dire ceux pour lesquels il est recommandé de passer à un statut de revenu supérieur) et des régions sous-représentées (Asie du Sud-Est, Amérique du Sud et Amérique centrale) qui sont vulnérables au changement climatique et aux pertes et préjudices.
     
  • La politique climatique internationale actuelle et les points de l'agenda multilatéral sur les pertes et dommages, les réformes du financement du climat (Sommet de Paris, Agenda de Bridgetown, feuille de route de la Banque mondiale) suggèrent qu'une transformation du financement de l'adaptation est possible, et la vulnérabilité a sa place dans ces discussions. Pour aborder les vulnérabilités systémiques et structurelles, l'indice de vulnérabilité multidimensionnelle élaboré par les Nations unies et approuvé par l'Association des petits États insulaires en développement pourrait aider à comprendre l'évolution des besoins des pays, y compris les limites à ne pas dépasser en matière d'adaptation.
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