Contexte
2025 marque le 10e anniversaire de l'Accord de Paris sur le climat (AP) — une étape clé dans la mise en œuvre de ce traité international, dont l'Iddri a contribué à élaborer les principes fondateurs en 2015. L'année 2025 sera donc l'occasion d'évaluer les progrès accomplis, les nouvelles contributions déterminées au niveau national (CDN) étant au centre de l'attention en tant que mécanisme central de l'AP. Cette année est également marquée par la COP 30, un événement qui suscite de grandes attentes : il est possible de créer une dynamique pour changer de braquet et innover si nécessaire afin de répondre aux besoins de cette décennie décisive dans la lutte contre le changement climatique. Cependant, le paysage géopolitique actuel n'est pas propice à la coopération et aux discussions sur le climat ; le retrait des États-Unis de l'AP a suscité des craintes d'un effet domino de désengagement. Et les impacts climatiques poursuivent leur trajectoire ascendante destructrice, qui alimente la frustration et un sentiment d'injustice de plus en plus fort.
Dans ce contexte, une prise de recul analytique s'impose pour faire le point sur le passé et regarder vers l'avenir. Une réflexion sérieuse nécessite un objectif clair, la collecte de preuves, une analyse critique, des leçons apprises et des perspectives équilibrées. Elle peut servir de catalyseur pour un tournant dans la politique climatique. L'Iddri est bien placé pour contribuer à un diagnostic éclairé, à un débat axé sur les solutions et pour faciliter la constitution de nouvelles coalitions capables d'améliorer les conditions politiques et économiques permettant aux pays et aux organisations d'aller plus loin.
Objectifs et contributions
Un diagnostic de l'Accord de Paris
Ce diagnostic de la mise en œuvre de l'Accord de Paris sera fondé sur des données probantes, sur la base des objectifs et attentes initiaux, de la compréhension des principaux risques d'obstruction actuels et de l'intégration d'un large éventail de perspectives. L'évaluation des progrès en matière d'ambition doit aller au-delà de l'arène internationale et porter sur les politiques, les actions, les investissements et les institutions au niveau national. Cette évaluation peut compléter le diagnostic de l'efficacité de l'AP sur la base des changements sur le terrain.
L'Iddri opèrera ce diagnostic à deux niveaux :
- un diagnostic de l'état actuel de l'AP en utilisant comme référence les attentes décrites dans les publications de l'Iddri de 2015. Ce travail permettra de cartographier les données disponibles pour soutenir une analyse factuelle des réalisations et des limites de l'Accord de Paris 10 ans après son adoption et guidera l'analyse de suivi avec des partenaires clés du monde entier sur des domaines sélectionnés, pour finalement générer des recommandations conjointes pour les améliorations nécessaires ;
- un bilan de la situation des pays en matière d'ambition de réduction des émissions et de gouvernance des politiques climatiques, basé sur l'initiative Deep Decarbonisation Pathways (DDP), un réseau d'experts nationaux en matière de décarbonation. Le rapport annuel DDP analysera les progrès de l'action climatique dans une vingtaine de pays clés dix ans après l'adoption de l'AP.
La diffusion des objectifs de l'AP parmi les acteurs non étatiques et son orchestration
Les objectifs climatiques se sont propagés parmi les acteurs non étatiques et à travers la multiplicité des forums internationaux qui soutiennent le système international fondé sur des règles. Ils illustrent l'intégration des considérations climatiques et la mise en œuvre des objectifs de l'AP dans différents secteurs et domaines politiques. Mais s'il existe des preuves ponctuelles de cette « percolation » dans divers secteurs, y compris le secteur financier, il y a peu de données structurées sur la manière dont les objectifs globaux de l'AP ont été diffusés dans les programmes de travail, les activités et les pratiques des organisations internationales et des entreprises. L'orchestration de l'action climatique, répartie entre de nombreuses organisations internationales cloisonnées, et la crédibilité des revendications écologiques constituent un défi essentiel pour informer sur les progrès et guider l'action future.
Dans ce contexte, l'Iddri s'associera à des organisations internationales et à des associations d'entreprises pour soutenir et évaluer cette intégration des objectifs de l'AP.
Renforcer la mise en œuvre du Bilan mondial, en mettant l'accent sur l'énergie
Le Bilan mondial (GST), un mécanisme central établi par l'AP, s'est conclu lors de la COP 28 avec plusieurs recommandations pour se mettre sur la voie des objectifs de température et d'adaptation à long terme, y compris de nouveaux objectifs mondiaux granulaires spécifiques. Les deux principaux sont le triplement des énergies renouvelables d'ici 2030 et la transition vers l'abandon des combustibles fossiles d'une manière juste, ordonnée et équitable. Cependant, les objectifs collectifs sont confrontés à des défis. Pour y faire face, des forums stratégiques seront nécessaires tout au long de l'année 2025 pour soutenir l'action coopérative et relever les défis qui entravent les progrès - par exemple, dans le cadre de la feuille de route pour la Mission 1.5 et par le biais de dialogues bilatéraux et mini-latéraux thématiques. L'agenda énergétique doit fournir les moyens de responsabiliser les pays qui doivent prendre les devants et de comprendre les positions des principaux pays du Sud sur la transition vers l'abandon des combustibles fossiles. Il est également essentiel d'identifier les prochaines étapes pour assurer une expansion régulière des énergies renouvelables qui minimise les différends commerciaux, tout en favorisant le développement et la résilience dans tous les domaines.
L'Iddri travaillera avec de grands pays émergents sur ce chantier.
Une meilleure intégration des considérations d'équité et de justice
L'équité et la justice sont au cœur des négociations sur le climat. Elles sont bien ancrées dans les principes et les objectifs de l'AP et sont essentielles pour stimuler la volonté politique et l'action. Des défis persistent dans leur mise en œuvre, à travers le temps, les géographies et les échelles. Au niveau de la Convention Climat (CCNUCC), cela est mis en évidence par les résultats médiocres obtenus lors de la COP 29 sur le Programme de travail sur la transition juste. Dans l'économie réelle, cela se traduit par des tensions sur les politiques industrielles nationales et l'absence de visions communes pour la coopération économique autour de l'objectif de transition. Alors que les efforts d'atténuation s'intensifient et que les impacts climatiques s'accélèrent, il est nécessaire de se recentrer sur la manière de prendre en compte efficacement l'équité et la justice.
Dans ce contexte, l'Iddri organise des dialogues avec des pays émergents pour soutenir les transitions justes locales et guider l'écosystème de la coopération internationale afin de mieux intégrer les considérations d'équité et de justice dans la course pour atteindre les objectifs de l'AP.