Présentation

Dans ce Policy Brief publié par l'ETTG et co-écrite par IDOS, SEI, Iddri, IAI, GIZ, ECDPM et IAMO, nous analysons les effets directs et les implications de la guerre en Ukraine sur la sécurité énergétique, les chaînes d'approvisionnement industrielles, la sécurité alimentaire et la protection de l'environnement dans l'UE et dans les pays en développement. Nous considérons également les ramifications de la guerre sur l'environnement de l'Ukraine, et nous explorons plusieurs approches politiques intégrées pour atténuer ces implications, à savoir la cohérence des politiques, les mesures de protection sociale et la coopération internationale.

Tout au long de nos analyses, nous examinons les mesures politiques existantes et potentielles et, ce faisant, nous nous référons aux nombreuses dimensions du Pacte vert européen. Nous soutenons que le Pacte vert contribue à placer l'UE et ses partenaires sur une voie durable et qu'il est essentiel pour faire face aux multiples crises à court et à long terme. En outre, une mise en œuvre réussie du Pacte vert peut aider l'UE à surmonter le choc de la guerre, tout en facilitant un développement durable qui ne laisse personne, ni aucun pays, de côté. 

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Messages clés

  • Le Pacte vert européen permet d'aborder certaines des implications de la guerre en Ukraine. Il peut faciliter une réponse intégrée qui prend en compte les préoccupations globales soulevées par les crises géopolitique, sanitaire et socio-environnementale concomitantes, à la fois à court et à long terme. Les effets de la guerre sur la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique, les chaînes d'approvisionnement industrielles et la protection de l'environnement doivent être abordés en accordant toute l'attention nécessaire aux menaces immédiates, et en vue d'accélérer la transformation naissante vers plus de durabilité afin d'éviter d'exacerber les perturbations futures. Pour y parvenir, trois approches sont essentielles : favoriser la cohérence des politiques entre les secteurs et les institutions, concevoir des mesures de protection sociale adéquates et faire progresser la coopération internationale. 
     
  • Pour répondre simultanément à la question de la sécurité énergétique et à la crise climatique, il convient d'accélérer la transition énergétique à l'échelle mondiale. L'UE peut augmenter sa production d'énergies renouvelables, éliminer progressivement les combustibles fossiles (y compris le gaz naturel liquéfié, GNL) et améliorer l'efficacité énergétique dans tous les secteurs et toutes les industries. L'UE doit éviter les mesures de riposte qui créent des blocages dans des trajectoires incompatibles avec la transition verte. Parallèlement, l'UE a la capacité de construire des partenariats internationaux solides pour aider d'autres pays intéressés à réaliser leur propre transition énergétique et les soutenir pour qu'ils deviennent des partenaires commerciaux clés pour les sources d'énergie renouvelables.
     
  • Les chaînes d'approvisionnement mondiales, en particulier les chaînes d'approvisionnement industrielles, ont été perturbées par la guerre et les sanctions qui en découlent. L'Ukraine, la Russie et le Belarus fournissent une grande partie des principales matières premières du monde, telles que le néon, le nickel, l'aluminium et le palladium, et des biens essentiels, comme les produits dérivés du fer et les engrais. La flambée des prix de l'énergie et l'inaccessibilité des voies de transport ont encore aggravé les perturbations. À l'heure où les entreprises délocalisent leur production et cherchent de nouveaux fournisseurs, l'UE devrait s'efforcer d'encourager les options à faibles émissions de carbone, de stimuler l'innovation et l'efficacité des matériaux, et d'aider les pays en développement à créer leurs propres industries vertes.
     
  • La sécurité alimentaire a également souffert de la perturbation des chaînes d'approvisionnement. En particulier, les pays en développement qui dépendent des importations de denrées alimentaires sont confrontés à de graves difficultés en raison de la hausse record des prix. L'UE a déjà mis en place des mesures pour soutenir la sécurité alimentaire à court terme, tant au niveau domestique qu'extérieur. Pour atténuer les crises futures, elle devrait élaborer des mesures à long terme pour assurer la transition du système alimentaire de l'UE vers la durabilité et soutenir le développement de systèmes alimentaires résilients dans les pays en développement.
     
  • La guerre en Ukraine représente une menace sérieuse pour la gouvernance environnementale mondiale, notamment en ce qui concerne la protection de l'environnement et la conservation de la biodiversité. La guerre aura probablement une influence sur la déforestation et la dégradation des écosystèmes induites par les chaînes d'approvisionnement mondialisées, en partie en raison de l'insécurité alimentaire croissante. L'UE peut soutenir une agriculture efficace et intelligente afin de minimiser ou d'éviter la conversion des terres pour la production alimentaire ou énergétique, tant au niveau domestique que dans les pays en développement. En outre, l'UE peut jouer un rôle actif pour aider l'Ukraine dans sa situation environnementale de plus en plus précaire, et pour soutenir les pays voisins comme la Pologne, la Slovaquie, la Roumanie et la Hongrie qui peuvent souffrir de la pollution transfrontalière.
     
  • La guerre en Ukraine a mis en évidence le besoin urgent d'une coordination et d'une cohérence efficaces entre les cadres politiques de l'UE. Pour mettre en œuvre la stratégie environnementale européenne, il convient de réduire au minimum les compromis internes et externes entre les principaux domaines d'action, tels que l'alimentation et la protection de l'environnement ou l'énergie et les chaînes d'approvisionnement industrielles, et entre les effets à court et à long terme. Simultanément, les synergies doivent être renforcées. Or, à l'heure actuelle, le contenu et la mise en œuvre du Pacte vert suivent toujours une approche sectorielle et cloisonnée qui va à l'encontre des ambitions de l'UE en matière de cohérence des politiques. Plus que jamais, la réalisation des objectifs du Pacte vert nécessite une approche intégrée pour faciliter un alignement efficace sur les agendas mondiaux à long terme, tels que l'Agenda 2030 pour le développement durable et l'Accord de Paris sur le climat.
     
  • À court terme, la protection sociale peut aider les ménages vulnérables à faire face aux augmentations des prix de l'alimentation et de l'énergie, grâce à des mécanismes tels que les transferts en espèces, les transferts en nature et les subventions. Pour promouvoir la résilience à plus long terme, la protection sociale peut soutenir la transition juste et l'indépendance des systèmes énergétiques et alimentaires en facilitant les changements structurels, par exemple en termes d'emploi. Il faudra pour cela augmenter les dépenses consacrées aux systèmes de protection sociale, en tenant compte des enjeux d'équité.
     
  • En ce qui concerne son action extérieure, l'UE doit encore définir les objectifs qu'elle cherche à atteindre dans le cadre du Pacte vert. Ceux-ci devront être traduits en actions concrètes dans le cadre d'un dialogue étroit avec les pays partenaires de l'UE. En outre, la coopération internationale doit être alignée pour soutenir les stratégies à long terme visant à mettre en œuvre l'Agenda 2030 pour le développement durable et l'Accord de Paris de manière synergique. Cela nécessite un espace politique pour la responsabilité et l'apprentissage, grâce à un suivi et une évaluation continus des activités de coopération internationale et des partenariats pertinents. L'UE doit également instaurer la confiance entre les pays partenaires et de faire preuve de leadership international face à la belligérance géopolitique de la Russie.