Présentation
Bien que la politique agricole commune (PAC) représente près d'un tiers du budget de l'UE, elle n'est pas explicitement abordée dans le nouveau cadre financier mis en débat par la Commission. De même, la Vision de l'UE pour l'agriculture et l'alimentation, publiée le 19 février 2025, fournit peu d'éléments sur la manière dont le budget de l'UE soutiendrait les objectifs proposés. Dans ce contexte, ce Décryptage analyse les opportunités et les risques que les négociations du prochain cadre financier pluriannuel (CFP, MFF en anglais) présentent pour le secteur agroalimentaire, en termes de disponibilité des fonds, de types d'instruments, de mécanismes de gouvernance et d'objectifs globaux pour le secteur.
Messages clés
- Compte tenu du nombre de défis auxquels les dirigeants de l'UE souhaitent répondre dans le prochain CFP, le budget de la PAC pourrait rester stable en termes réels, bien qu'une diminution de son enveloppe globale semble plus probable.
- Les positions de négociation actuelles des dirigeants politiques agricoles de l'UE favorisent le statu quo pour la prochaine PAC, tant en termes de structure que d'instruments politiques. Cette approche a deux implications principales :
• la PAC pourrait rester « en dehors » du projet de réforme du prochain CFP enclenché par la Commission européenne, qu'elle souhaite davantage basé sur l'investissement et la performance ;
• les tendances actuelles au sein de la PAC devraient se poursuivre, à savoir une plus grande flexibilité octroyée aux États membres et un affaiblissement de son ambition environnementale.
- La structure de la PAC qui résulterait de ces négociations ne permettrait alors de relever le triple objectif de compétitivité, résilience et durabilité du secteur agricole fixé par la Commission, le Parlement et le Conseil. Ces trois objectifs doivent pourtant être pris au sérieux, car la viabilité à long terme du secteur est en jeu.
- Le renforcement de l'autonomie stratégique du système alimentaire de l'UE — compte tenu de sa dépendance critique à l'égard des engrais et des aliments pour animaux — pourrait permettre de sortir du statu quo lors des prochaines négociations sur le budget de la PAC. Cela répondrait de plus à l'importance accordée par la Commission, dans sa Vision pour l'agriculture et l'alimentation, à la résilience du secteur :
• à moyen terme, les possibilités et les avantages potentiels pourraient l'emporter sur les coûts à court terme ;
• ce Décryptage examine plus en détail deux changements cruciaux dans cette direction ainsi que leurs implications budgétaires : la diversification des cultures et la circularité accrue des systèmes agricoles.