Ce Working Paper, préparé dans le cadre du projet “Transformative Investment for Sustainable Development” (TISD) coordonné par l’Iddri en partenariat avec la Ferdi et le soutien de la Fondation Bill et Melinda Gates (FBMG), répertorie et classe dans un premier temps les raisons d’être de l’aide publique au développement (APD), faisant émerger cinq grands récits (Royaume-Uni, Allemagne, France, Chine, FBMG). Puis, dans le cas de l’APD française, les discours sont confrontés aux faits, en comparant l’allocation hypothétique de l’aide française telle qu’on peut la déduire des discours la justifiant avec son allocation réelle. Enfin, sont identifiées les fragilités et les conditions de succès de l’APD à l’horizon 2030.

MESSAGES CLÉS

  • LE RÔLE DE L’APD DANS L’AGENDA 2030 EN QUESTION
    Le basculement des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) vers les Objectifs de développement durable (ODD), universels et indivisibles, soulève la question du rôle de l’aide publique au développement (APD) dans le nouvel Agenda 2030 du développement durable. Les besoins d’investissement durable excèdent largement les volumes d’APD, et les objectifs politiques de « containment » qui ont prévalu à sa naissance sont incontestablement caducs. L’objectif de cet article est d’éclairer les raisons d’être, motivations et objectifs de l’APD tels qu’on peut les lire dans les documents et sur les sites officiels du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la France, de la Chine, ainsi que de la Fondation Bill & Melinda Gates (FBMG), et d’en tirer quelques implications spécifiques pour l’APD française.
     
  • IL EXISTE DES DIFFÉRENCES PROFONDES ENTRE BAILLEURS DANS LA JUSTIFICATION DE LEUR APD
    L’APD « indispensable » se concentre sur la stabilisation des États fragiles ou défaillants et sur l’extrême pauvreté (Royaume-Uni, FBMG). L’APD « réparatrice » est un moyen de construire des politiques globales capables de « gérer » ou « réparer » la mondialisation au profit des pays au Sud (France, Allemagne). L’APD « émancipatrice » offre aux pays récipiendaires une alternative à l’aide conditionnelle versée par les anciennes puissances coloniales, et une perspective de développement autonome portée par des intérêts commerciaux partagés (Chine).
     
  • LES RÉCITS DE L’AIDE CONTIENNENT QUELQUES ZONES D’OMBRE
    Ainsi du rôle attendu des financements extérieurs dans l’atteinte d’objectifs de stabilité et de réduction de la pauvreté lorsque les États sont fragiles ou défaillants (l’aide indispensable), de la soutenabilité de financements souscrits sous forme de dette ainsi que de la réalité de leur effet de levier (l’aide réparatrice), et de la soutenabilité environnementale des modèles émergents de développement (aide émancipatrice).
     
  • L’APD FRANÇAISE : FAIRE COÏNCIDER DISCOURS ET PRATIQUES
    La France, dans ses choix d'allocation bilatérale de l'APD, n'honore qu'imparfaitement son discours. L'ambition de compenser les effets de la mondialisation se reflète dans l'allocation en faveur des biens publics mondiaux et du climat, en forte croissance ces dernières années. En revanche, le développement économique des pays à revenus intermédiaires reste un objectif privilégié par la France, qui mériterait d'être clarifié dans le discours. Et les dépenses consacrées à la stabilité et à la justice sociale sont en retrait en comparaison des autres enjeux.
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