Cinquante ans après la première conférence des Nations unies sur l’environnement à Stockholm (Suède), le multilatéralisme environnemental devrait passer prochainement des étapes importantes, grâce à la COP 15 sur la biodiversité et à la COP 26 sur le climat. Cependant, ce cadre de coordination internationale, s’il est en général reconnu comme une base indispensable, est aussi critiqué pour son insuffisante capacité à rendre réelles suffisamment rapidement les transformations nécessaires à la transition écologique dans les territoires et les secteurs économiques. Il est donc indispensable d’anticiper quelle devrait être la prochaine étape en matière de coopération internationale pour être à la hauteur des enjeux clés du climat, de la biodiversité, mais aussi de l’Agenda 2030 comme un projet de transformation pour toutes les sociétés ; tout en positionnant cette réflexion dans le cadre plus global du besoin de rénovation des institutions multilatérales et de Bretton Woods construites après 1945. L’Iddri entend, à l’occasion de son 20e anniversaire, contribuer à cet effort en organisant une conférence internationale de haut niveau : « Quelle gouvernance planétaire pour une relance durable ? Inventer un multilatéralisme nouvelle génération ».

Anticiper la prochaine étape pour la coopération internationale

Remis en cause frontalement par des grandes puissances, considéré comme insuffisamment efficace face aux crises politiques, économiques ou écologiques, mais aussi comme insuffisamment juste en matière de représentativité et de pouvoir de décision, c’est l’édifice dans son ensemble qui est fragilisé. De nombreuses voix, notamment en Europe, appellent ainsi à rénover le multilatéralisme et à passer une nouvelle étape dans la régulation de la mondialisation ; c’est le cas par exemple du président Macron1 , du Livre blanc allemand sur le multilatéralisme2 ou encore de la stratégie de la Commission européenne en la matière3

Ces voix européennes ont en commun de mettre au cœur de leurs propositions le développement durable à la fois comme l’un des défis fondamentaux nécessitant de changer de braquet et comme l’un des points d’entrée stratégique sur lequel les pays du monde seraient encore capables de s’entendre, quand ils sont en conflits ouverts ou larvés sur toutes les autres questions, du commerce aux enjeux de sécurité. 

Dialoguer et débattre comme conditions pour avancer

Mais est-ce crédible ? Sur quel potentiel s’appuient ces propositions ? Et quelles chances ont-elles d’être partagées par d’autres pays, d’autres régions ou d’autres groupes d’acteurs ? C’est en effet indispensable de co-construire cette nouvelle étape, dans un monde où l’Union européenne peut être force de proposition, mais ne peut avancer qu’en alliances avec d’autres, en ayant toutefois dès l’amont intégré dans le même projet les besoins, les attentes, et les visions des autres partenaires. C’est bien le rôle des think tanks comme l’Iddri et ses partenaires de Think Sustainable Europe et de European Think Tank Group on Development de mettre l’Union européenne en capacité d’avancer ainsi par la mise en débat.

Ce sont donc les conditions de cet indispensable dialogue que l’Iddri entend mettre en place avec la conférence internationale « Quelle gouvernance planétaire pour une relance durable ? Inventer un multilatéralisme nouvelle génération », qui célèbre les 20 ans de l’institut, co-organisée avec la Chaire européenne Développement durable et Transition climatique de Sciences Po. Elle aura lieu en ligne, du 12 au 14 octobre. À quelques jours de la COP 15 et de la COP 26, et à quelques semaines de la présidence françaises de l’Union européenne, cet événement de haut niveau tentera de montrer les zones de convergence entre les visions et les propositions des acteurs européens et de leurs grands partenaires. Elle rassemblera à cet effet diplomates, politiques, chercheurs, économistes, philosophes pour restaurer les bases d’un dialogue international.  

À l’heure où les questions écologiques deviennent des questions de sécurité, de macroéconomie et de géopolitique, comment s’assurer que les expériences et les valeurs construites patiemment dans le champ environnemental permettent de redonner un nouveau souffle et une nouvelle ambition à la coopération internationale, plutôt que de devenir seulement une nouvelle dimension des affrontements sécuritaires ? La conférence s’intéressera tant aux avancées récentes en matière d’efficacité et des effets concrets du droit international de l’environnement dans des juridictions nationales qu’aux enjeux de justice, à l’instar des expériences réussies de participation ou de l’inclusion des groupes vulnérables comme condition de la transformation, comme le souligne par exemple le congrès de l’UICN sur le rôle clé de peuples autochtones et des communautés locales.

Faisant une place nécessaire aux propositions en rupture, décoiffantes ou utopiques, tout autant qu’à la realpolitik dans un monde où le pouvoir n’est évidemment pas également réparti, la conférence vise aussi à identifier les principaux points d’entrée concrets par lesquels l’Union européenne et ses partenaires pourraient faire passer le multilatéralisme à l’étape d’après.