Le secteur du charbon est responsable de 44 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales[1]. Il est nécessaire de les réduire drastiquement pour limiter le réchauffement climatique et respecter l’Accord de Paris. Alors que le charbon représente 28 % de la consommation d’énergie primaire dans le monde[2] et emploie des millions de personnes de l’extraction à la combustion, cette baisse radicale pourrait sembler irréaliste. Pourtant, il est possible d’accompagner la sortie du charbon dans de bonnes conditions sociales et économiques. Les principaux pays utilisateurs disposent d’options crédibles pour le faire en une génération.

 

Telles sont les conclusions des travaux du consortium « Coal transitions: Research and dialogue on the future of coal », dirigé par l’Iddri et Climate Strategies, en collaboration avec des instituts de recherche de premier plan dans six grands pays consommateurs de charbon.
 

Avec les politiques adéquates, chacun de ces pays [Allemagne, Pologne, Chine, Inde, Afrique du Sud, Australie] peut quasiment se passer du charbon dans les 20 à 30 prochaines années sans augmentation significative des coûts de l’électricité pour les consommateurs, tout en tirant des bénéfices économiques et sociaux d’une transition vers de nouvelles industries

 

 

Tirer les bénéfices économiques et sociaux d'une transition vers de nouvelles industries

Le rapport de synthèse, fondé sur des études de cas pays (Allemagne, Pologne, Chine, Inde, Afrique du Sud, Australie), montre qu’avec les politiques adéquates, chacun de ces pays peut quasiment se passer du charbon dans les 20 à 30 prochaines années sans augmentation significative des coûts de l’électricité pour les consommateurs, tout en tirant des bénéfices économiques et sociaux d’une transition vers de nouvelles industries. Par exemple, en Inde, il est prouvé que les mini-réseaux fonctionnant à base d’énergie renouvelable permettent un accès à l’électricité plus fiable et moins cher pour les populations pauvres, avec des retombées positives pour le développement économique et la santé humaine.


Pic de production et déclin du charbon à l'échelle mondiale : plus tôt qu'anticipé

Par ailleurs, l’analyse macro-économique (sur laquelle le rapport de synthèse s’appuie également) montre que le pic de production et le déclin du charbon à l’échelle mondiale approchent plus rapidement qu’anticipé : le scénario le plus probable est désormais celui d’un déclin de la demande mondiale en charbon à partir du début ou du milieu des années 2020. Cette situation s’explique par le rééquilibrage en cours de l’économie chinoise (choix de politiques publiques en faveur du marché intérieur et innovations technologiques), par l’importance politique croissante de la qualité de l’air, des sols et de la disponibilité en eau dans les pays en développement, ainsi que par le simple fait que l’accès à l’électricité renouvelable coûte désormais moins cher que l’électricité au charbon.

Or, alors qu’une simple baisse de, par exemple, 5 à 10 % de la consommation intérieure de charbon en Chine (insuffisante pour respecter l’Accord de Paris) réduirait d’un tiers les volumes échangés sur le marché mondial, les principaux pays exportateurs, notamment l’Australie et l’Afrique du Sud, sont mal préparés au ralentissement à venir de la demande mondiale.


Elaborer des stratégies et politiques de transition pour la sortie du charbon


Des énergies alternatives au charbon

L’élaboration de stratégies et de politiques de transition pour accompagner la sortie du charbon est donc plus urgente que jamais. Selon le pays, le charbon pourrait être remplacé par différentes options alternatives, notamment des énergies plus propres, l’efficacité énergétique et, dans certains cas, des quantités résiduelles de charbon avec capture et stockage de carbone. Les autorités nationales et locales pourraient également étudier la possibilité de mettre en œuvre de nouvelles activités économiques s’appuyant sur des secteurs innovants (énergies renouvelables ou activités non liées au secteur de l’énergie).

Anticiper la transition des travailleurs de l'industrie du charbon

Le rapport montre également comment faire en sorte que les travailleurs de l’industrie du charbon et leurs communautés puissent bénéficier de ces nouvelles activités. Ces solutions sont spécifiques à chaque contexte et doivent être discutées avec les parties prenantes. Cependant, le principal facteur de réussite consiste à anticiper plutôt qu’attendre que l’économie se détourne du charbon. Une bonne préparation doit permettre une meilleure orientation des jeunes travailleurs vers des emplois alternatifs, un départ à la retraite naturel des employés âgés, et le développement de programmes de reconversion et de transfert d’emploi adaptés aux travailleurs en milieu de carrière.

 

Relever l’ambition de l’action internationale contre le changement climatique

Dans une perspective plus large, ce rapport nous montre ce que signifie « relever l’ambition » de l’action internationale contre le changement climatique. Les pays signataires de l’Accord de Paris sont amenés à présenter leurs « contributions déterminées au niveau national » révisées d’ici à 2020. Au-delà des engagements – notamment, 36 gouvernements et une cinquantaine d’entreprises se sont engagés à éliminer progressivement le charbon du secteur de l’électricité d’ici 2030, dans le cadre de la Powering Past Coal Alliance –, ils devront y indiquer précisément de quelle manière ils envisagent de s’éloigner du charbon et des combustibles fossiles.


[2] Même source

 

 

En savoir plus

Rapport final (en anglais)

>> Voir la page du projet " Transitions charbon